Ouen Toro : le poumon vert de Nouméa entre histoire et nature
- S.Lecornu
- il y a 4 jours
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Quand on pense à Nouméa, difficile de ne pas imaginer le Ouen Toro, cette colline emblématique qui domine la baie de l’Anse Vata et la Côte Blanche. À 132 mètres d’altitude, ce promontoire rocheux n’est pas seulement un spot idéal pour admirer le lagon inscrit à l’UNESCO : il est aussi un lieu chargé d’histoire et un sanctuaire fragile de forêt sèche, l’un des écosystèmes les plus menacés de Nouvelle-Calédonie.

Un site emblématique devenu parc municipal
Le nom Ouen Toro vient de la langue nââ drubéa et signifie « colline aux bois de fer », en référence aux essences végétales qui poussaient autrefois sur ses pentes. Depuis 1988, la colline est protégée par la Ville de Nouméa qui en a fait un parc municipal. En 2011, celui-ci a été baptisé en hommage à Albert Etuvé et Lucien Audet, deux figures locales engagées dans la préservation de l’environnement. Aujourd’hui, ce parc de 63 hectares accueille marcheurs, joggeurs, parapentistes et familles venues profiter d’un coin de nature à quelques minutes du centre-ville.
Des vestiges militaires toujours visibles
Au-delà de son rôle de poumon vert, le Ouen Toro est aussi un site historique. Dès la fin du XIXᵉ siècle, il a accueilli une batterie militaire. Mais c’est surtout pendant la Seconde Guerre mondiale que la colline a joué un rôle stratégique. En 1941, les forces alliées y installent deux canons de 6 pouces, acheminés de Nouvelle-Zélande et montés par un détachement australien. Ces pièces d’artillerie de côte devaient protéger Nouméa et son port, devenu base arrière essentielle dans le Pacifique. Aujourd’hui encore, ces canons imposants trônent sur le sommet et rappellent aux visiteurs l’importance militaire du site.
La richesse (et la fragilité) de la forêt sèche
Le Ouen Toro est surtout reconnu pour abriter un des derniers fragments de forêt sèche du Grand Nouméa. Cet écosystème unique, qui ne couvre plus qu’une infime partie de la superficie initiale, est l’un des plus menacés au monde. Sur place, environ 3 hectares de forêt sèche subsistent, où l’on recense 35 espèces végétales, dont 18 endémiques à la Nouvelle-Calédonie et 4 classées menacées.
Depuis le début des années 2000, de nombreux programmes de conservation sont menés par la Ville, la Province Sud, le WWF et l’association Mocamana. Ils visent à éradiquer les plantes envahissantes comme le faux mimosa ou le faux poivrier, et à replanter des essences locales. Plus de 9 000 arbres ont ainsi été remis en terre, redonnant peu à peu son visage d’origine au site.
Balades, paysages et règles de respect
Monter au Ouen Toro, c’est aussi s’offrir un panorama exceptionnel : l’Anse Vata et l’îlot Canard d’un côté, la baie de Sainte-Marie et la presqu’île de Ouémo de l’autre. Les sentiers balisés permettent de découvrir aussi bien la végétation que les vestiges militaires.
Mais pour préserver ce joyau, quelques règles s’imposent : rester sur les chemins, tenir les chiens en laisse, ne pas arracher de plantes, ne pas allumer de feu ni camper. Ces gestes simples garantissent que les générations futures pourront elles aussi profiter de ce site à la fois naturel et patrimonial.
Un lieu entre mémoire et avenir
Le Ouen Toro est bien plus qu’une colline dominant Nouméa : c’est à la fois un témoin de l’histoire militaire du Pacifique, un refuge pour une biodiversité unique, et un espace de respiration pour les habitants. En y montant, chacun participe à la redécouverte d’un patrimoine précieux qui relie nature, histoire et culture.
Préserver le Ouen Toro, c’est protéger une partie de l’âme de Nouméa.
Retrouvez toutes les informations pratiques sur le parc du Ouen Toro sur le site de la mairie de Nouméa, rubrique “Parcs et jardins”, à l’adresse www.noumea.nc





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